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2. Pauvreté due aux inégalités sociales créées par le pétrole
a) Dans les pays producteurs du pétrole
Dans les pays producteurs de pétrole, si la pollution par le pétrole appauvrit les habitants, les inégalités sociales crées par le pétrole joue un rôle encore plus important dans cet appauvrissement. L’argent du pétrole ne profite pas à la population, qui ne peut donc remédier aux problèmes environnementaux. Celle-ci est souvent très pauvre, ce qui contraste avec la richesse que devrait apportait le pétrole. L’argent rapporté par le pétrole est mal réparti, créant de grandes inégalités sociales dans ces pays où la majorité de la population vit dans des conditions très précaires.
Par exemple, au Niger, la pauvreté de la population, causée en partie par la pollution par le pétrole, est également due à des inégalités sociales, à une mauvaise répartition de l’argent rapporté par le pétrole.
Avec une production quotidienne de 2,4 millions de barils par jour en 2005, le Nigeria est le premier producteur pétrolier africain et le 11ème au monde. En 2005, les revenus issus de l’exploitation de l’or noir ont ainsi rapporté au gouvernement central 37,7 milliards de dollars, soit plus de 80% des revenus de l’Etat et environ 95% de ses exportations et le pétrole a rapporté 600 milliards de dollars (environ 430 milliards d'euro) depuis les années 1960. Malgré cette rente pétrolière, le pays est l'un des plus pauvres de la planète. 66% de la population vit sous le seuil de pauvreté et le PNB par habitant est en chute libre depuis 1970. Les inégalités dans le pays sont accentuées par les disparités régionales de la répartition de la manne pétrolière, notamment en faveur de Lagos, et par la corruption qui touche tous les niveaux de l’Etat. Malgré cela, le delta du Niger ne reçoit que 13% des revenus pétroliers terrestres du pays, un pourcentage qui est loin de pouvoir satisfaire les besoins des habitants d’une région dévastée par des décennies de négligences environnementales et économiques.
La population vit donc dans de conditions désastreuses, sans eau potable, mangeant des poissons contaminés, vivant dans des habitations précaires avec des épidémies et maladies ne faisant qu’augmenter, n’ayant accès qu’à des moyens de transport peu performants.
Les représailles empêchent les populations de se rebeller : au Nigéria, le gouvernement a recours à des représailles violentes et collectives. Malgré cela, la population tente d’obtenir des changements par des sabotages, des vols de pétrole…, ce qui ne fait qu’aggraver la situation.
A Odi, une communauté adjacente à un puits construit en 1958, les villageois ont réclamé des services de base comme l’eau potable de robinet, l’électricité, et les écoles. Les représailles ont été importantes : des hommes militaires en uniforme ont attrapé 15 jeunes gens pendant qu’ils rentraient chez eux à pieds en provenance d’un village au milieu de l’après-midi. Les jeunes gens ont été frappés, torturés, et emprisonnés, et ce comme une mise en garde aux autres gens du village. Pour environ une semaine, les jeunes ont vécu le calvaire dans une prison à quelques miles du lieu. Leurs membres de familles ont été forcés de marcher pendant une journée et demie pour les voir ou leur apporter la nourriture dans cette prison misérable. Tout cela pour avoir réclamer des droits élémentaires.
Pendant que les compagnies pétrolières enregistrent des profits et que le prix du pétrole monte en flèche vers près de 65 dollars US par baril, les communautés africaines ostensiblement bénies par la malédiction du pétrole languissent dans la misère et la saleté. En effet, sans terre exploitable ou conduits d’eau, beaucoup de gens au Nigeria disent qu’ils se trouvent dans un état pire que celui dans lequel se trouvaient leurs grands- parents avant que le pétrole ne fut découvert.L’argent du pétrole ne profite pas aux populations locales qui ne peuvent d’ailleurs réclamer leurs droits à cause des représailles violentes.
Beaucoup de pays riches, regorgeant de ressources naturelles comme le pétrole ont une population très pauvre, vivant dans la pauvreté et ayant une mortalité infantile très importante. Le pétrole crée la corruption dans les pays producteurs, l’état essaie de justifier ses dépenses (par exemple, en Angola, où la richesse est mal répartie et ne profite qu’à certains, le gouvernement affirme utiliser cet argent pour reconstruire le pays, rembourser des dettes et récompenser des soldats, dont en réalité, seule une petite partie l’a réellement été) mais ces justifications sont contestées. Les inégalités sont dues à une mauvaise répartition et gestion des richesses.
Un autre exemple montrant que les populations résidents dans les pays producteurs sont victimes d’inégalités sociales est Richard Betalum, un paysan qui aurait dû devenir riche. Du pétrole a été trouvé dans son champ. La compagnie pétrolière américaine Esso y a creusé un puits. Chaque jour, trois cents barils de brut en sont extraits. A 140 dollars le baril sur le marché mondial, cela aurait pu lui rapporté 40 000 dollars par jour.
Mais la découverte de pétrole dans son champ a plutôt été une malédiction pour cet homme. Son champ a été amputé de moitié afin que l'exploitation puisse se faire. Il a reçu l'équivalent de 1500 euros en guise de compensation. "Esso a trouvé du pétrole dans mon champ mais je n'y gagne rien, a-t-il indiqué. Le gouvernement m'a intimé l'ordre de céder la moitié de mon champ. Avec les compensations, j'ai pu mettre un toit en tôle sur ma maison, et acheter deux bœufs. A présent, les bœufs ont été volés, j'ai perdu la moitié de mon champ, et j'ai du mal à nourrir ma famille", indique Richard Betalum.Cet exemple montre bien les inégalités dans les pays producteurs : l’argent du pétrole ne revient pas à la population, même quand le pétrole à été trouvé chez un habitant. Dans ces pays, les plus forts décident et les populations doivent vivre avec, sous peine de représailles. Le pétrole enrichit fortement une petite partie de la population de ces pays, alors que la majorité de la population vit dans la misère et la pauvreté, sans avoir accès à leurs besoins élémentaires à savoir se nourrir, se vêtir, se loger, s’instruire…
b) Inégalités entre pays riches et pays pauvresMais les inégalités sociales crées par le pétrole existent également à l’échelle mondiale, entre pays riches et pays pauvres.
L’Amérique du Nord consomme 30% des énergies fossiles et l’Europe de l’Ouest en consomment 18%. Ce qui représente presque la moitié de la consommation mondiale pour seulement 10% de la population de la planète. La Chine et les pays émergents voient leur consommation beaucoup augmentée, mais celle-ci reste toujours très inférieure à celle des pays riches : Par exemple, en France, une personne sur deux a une voiture ; en Chine, c’est une personne sur quatre-vingt.
Les pays riches puisent chez les pays du Sud car ils sont incapables de produire toute l’énergie qu’ils consomment, alors que les pays du Sud en manquent souvent cruellement.
Les pays riches consomment trop d’énergie, et souvent inutilement. Par exemple, en France, la population a augmenté de 15% mais les déplacements en voiture ont augmenté de 60%. Dans ces pays, ce modèle économique énergivore est vanté, voire imposé. Mais ce modèle économique ne peut profiter qu’à une minorité et est une menace majeure pour les droits élémentaires des personnes et des peuples des pays pauvres. L’énergie est un besoin pour vivre mais un tiers de la population mondiale n’a pas accès à des services de base nécessitant l’électricité (éclairage, réfrigération…). Dans les pays en émergence, la consommation d’énergie est 10 fois plus faible que dans les pays industrialisés.
Le pétrole n’est pas réparti également entre les pays : les pays riches en profitent plus, même s’ils ne sont pas producteurs : la plus grande partie du pétrole extrait va vers les pays riches, alors que la population de certains pays producteurs n’a même pas accès à l’électricité et à des conditions de vie correctes.
- L’Amérique du nord représente 5 % de la population mondiale et 25 % de la consommation mondiale de pétrole.- L’Europe représente 9 % de la population mondiale et 21 % de la consommation mondiale de pétrole.
- L’Amérique du sud représente 9 % de la population mondiale et 8 % de la consommation mondiale de pétrole.
- L’Afrique représente 16 % de la population mondiale et 3 % de la consommation mondiale de pétrole.
- L’Océanie représente 1 % de la population mondiale et 1 % de la consommation mondiale de pétrole.
- L’Asie représente 60 % de la population mondiale et 35 % de la consommation mondiale de pétrole.
La consommation des différents continents en fonction de leur population montre les inégalités de répartition du pétrole : l’Afrique qui représente 16% de la population mondiale, ne consomme que 3%. Or on constate que l’Afrique est aussi le continent le plus pauvre, qui englobe les pays les plus pauvres et les moins développés. Les inégalités de répartition du pétrole contribuent donc à la pauvreté de certains pays et creuse les écarts de richesse.
Trop de pétrole va aux pays développés d’Amérique du Nord et d’Europe, ce qui augmente la pauvreté dans les pays pauvres qui en manquent.