1. Pauvreté due aux conséquences environnementales du pétrole
a) Dans les pays producteurs
Le Delta du Niger est un bon exemple de région où les problèmes environnementaux dus au pétrole sont source de pauvreté pour les populations vivant dans un pays producteur.
Le Delta du Niger est une région contenant d’importantes réserves d’hydrocarbures, exploitées depuis des dizaines d'années par le gouvernement du Nigeria et des compagnies pétrolières multinationales (Shell étant le principal exploitant).
Les compagnies pétrolières profitent de la faiblesse du système réglementaire nigérien (Le Nigeria dispose de lois et de règlements demandant à ce que les compagnies répondent aux normes internationales de « bonnes pratiques en matière d'exploitation pétrolière » et d'autres outils législatifs et réglementaires qui protègent l'environnement, mais cette législation est peu appliquée. Les agences gouvernementales chargées de la faire respecter sont inefficaces et sont, dans certains cas, prises dans des conflits d'intérêts), ne prenant pas desmesures suffisantes pour éviter les dégâts environnementaux et souvent ne se préoccupent pas des conséquences dévastatrices de leurs pratiques sur la vie des habitants.
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Photo : Enfants jouant près d'un déversement d'hydrocarbures dans l'État de Bayelsa (Nigeria). La fuite aurait eu lieu en 2006. Shell affirme qu'elle a été nettoyée.
Le déversement de déchets et la combustion de torchères présentent un risque pour la santé des habitants, augmentant les épidémies et maladies respiratoires et cancers et donc la pauvreté.
Les déversements d'hydrocarbures et de déchets nuisent gravement aux terres agricoles. À long terme, ils rendent les sols moins fertiles et font baisser la productivité, dans certains cas pour des dizaines d'années. Bien souvent, les effets à long terme détruisent la seule source de subsistance d'une famille.
Photo : Un pêcheur près de son canoë à Goi, pays ogoni, Nigeria.
Or le delta du Niger représente l'un des dix principaux écosystèmes marins de zone côtière humide au monde et il abrite quelque 31 millions de personnes et « Les moyens de subsistance de plus de 60 % des gens qui vivent dans cette région proviennent de leur environnement naturel, a déclaré Audrey Gaughran d'Amnesty International. Pourtant, la pollution générée par l'industrie pétrolière détruit les ressources vitales dont ils dépendent. »
La pollution par le pétrole a donc porté atteinte aux moyens de subsistance essentiels de la population : la pauvreté s’accroît, avec des terres de moins en moins fertiles, des eaux toujours plus polluées contraignant de nombreuses personnes vivant dans ces zones à utiliser une eau polluée pour boire, cuisiner et se laver ainsi que de consommer du poisson contaminé. Les conditions de vie sont donc de plus en plus précaires et dangereuses pour la santé des habitants.
Photo : Les rivières et les ruisseaux du delta du Niger ont été largement pollués par les activités pétrolières. Pourtant, de nombreuses personnes continuent de les utiliser pour un usage domestique notamment pour se laver, faire la lessive, et comme source d’eau potable.
De nombreux pays producteurs du Moyen-Orient et d’Afrique sont caractérisés par des déficits de gouvernance en matière économique et politique dont les compagnies pétrolières multinationales profitent et qui aggravent les problèmes environnementaux dus au pétrole puisque les compagnies ne respectent pas les règlements sur la pollution et les dépollutions à effectuer en cas de déversements accidentels. Les déversements de pétrole avec le dégagement de gaz toxiques et la combustion des torchères peuvent avoir de graves conséquences sur les écosystèmes et la biodiversité dans ces régions mais aussi sur les populations qui y vivent, les appauvrissant par les maladies dues à cette pollution ou par les conditions de vie désastreuses, comme ne pas avoir accès à l’eau potable ou consommer des produits contaminés. Les conséquences environnementales du pétrole entraînent donc souvent la pauvreté des populations des pays producteurs.
b) Ailleurs
La pollution par le pétrole de zones peut également appauvrir des personnes en augmentant le chômage car les activités économiques de ces zones sont bloquées et les postes donc supprimés.
Des eaux côtières inaccessibles aux pêcheurs ou aux plaisanciers, des plages interdites aux usagers, conduisent à une baisse d’activité des restaurants, des cafés, de multiples commerces qui réduisent eux-mêmes leurs achats de produits consommables. Les fournisseurs de glace, de carburant pour la pêche, d’aliments pour l’aquaculture se retrouvent sans clients et les acheteurs des criées se retrouvent sans produits.
Photo : Une dépense et une perte de revenus : le blocage d’un espace portuaire par la pose d’un barrage de confinement.
Derrière les opérateurs économiques directement touchés par l’impossibilité matérielle de poursuivre leur activité ou de commercialiser leurs produits, toute une chaîne de fournisseurs et de clients se trouve elle-même plus ou moins intensément affectée, selon l’importance de son revenu lié aux activités interrompues par la pollution. Des salaires étant suspendus, la consommation locale diminue, des cotisations sociales ne sont plus payées, des indemnités de chômage doivent être versées.
Ce sont autant d’effets secondaires que les victimes demandent à voir prendre en compte dans l’assiette des indemnisations.
Par ailleurs, les consommateurs des produits de la mer, du tourisme et des autres ressources de la zone touchée par la pollution se tournent tout naturellement vers d’autres zones pour satisfaire leurs besoins. Celles-ci font très logiquement de leur mieux pour satisfaire ces nouveaux clients et les fidéliser. Il va donc falloir, une fois la situation environnementale rétablie dans la zone affectée, engager des dépenses de reconquête de la clientèle perdue. Bien juger de ces dépenses n’est pas facile, d’autant plus que la perte de clientèle s’étend souvent au-delà de la zone effectivement affectée par la pollution.
Photo : Une dépense : le coût de protection des tables d’un parc ostréicole par la pose de filets en plastique à mailles fines.
Le pétrole joue également un rôle dans le réchauffement climatique : l’émission de dioxyde de carbone résultant de sa combustion comme carburant participe au réchauffement de la planète qui peut contribuer à appauvrir les populations de certains pays (avec les sécheresses ou les îles submergées par exemple).
A Yenagoa (Nigeria), la population manque d’emplois et de services sociaux élémentaires : des décennies de marées noires auxquelles s’ajoute le brûlement constant de gaz nécessaire pour l’extraction du pétrole brut ont provoqué des dégâts énormes qui ont appauvris les résidents. La terre cultivable est rendue inutile tandis que les rivières et des cours d’eau sont maintenant stériles. La plupart des gens de Yenagoa vivent dans des huttes construites en terre. Certains résident à seulement quelques pieds des puits de pétrole. Mais ils manquent d’électricité et de toilettes à l’intérieur de leurs maisons. Ils n’ont pas d’hôpitaux, pas d’eau de robinet, pas d’écoles. Et il y a aussi le chômage.
La pollution due au pétrole appauvrit souvent les populations des pays producteurs. Mais la pollution due par exemple aux marées noires touche d’autres pays, n’importe quel pays selon l’endroit où le navire a sombré. A long terme, le réchauffement climatique, dont le pétrole est une des causes va aussi appauvrir des régions et donc leur population.